Transaction annulée dans l'hôtellerie : conditions suspensives non remplies

Transaction annulée dans l'hôtellerie : conditions suspensives non remplies

L'achat ou la vente d'un hôtel, et notamment en France, est une opération complexe, soumise à des obligations légales et administratives très spécifiques. Au-delà des vérifications d'usage, telles que les autorisations d'exploitation ou la déclaration de cession du fonds de commerce, une attention particulière doit être portée à la "due diligence". Cette étape cruciale permet d'identifier les risques potentiels et de s'assurer de la conformité de la transaction.

Afin de protéger les intérêts de chaque partie, acheteur comme vendeur, toute transaction -ou presque- est soumise à des conditions suspensives. Ces clauses, clairement définies dans l'offre ou la promesse de vente, sont essentielles pour prévenir d'éventuels litiges. Elles peuvent, notamment, concerner l'obtention d'un financement, la réalisation de travaux ou la levée de certaines autorisations administratives.

L'absence de conditions suspensives peut également constituer un élément stratégique de négociation, offrant un avantage certain à la partie qui s'en prévaut. Il est donc primordial de comprendre l'importance de ces clauses et de les adapter en fonction des spécificités de chaque transaction.

Acteurs impliqués

Les deux principaux acteurs sont le vendeur, propriétaire actuel de l’établissement, et l’acheteur, particulier ou un investisseur institutionnel.

La rédaction du contrat relève des avocats, spécialisés en droit des affaires, et plus particulièrement en immobilier hôtelier. Ces derniers guident les parties à chaque étape, de la négociation à la signature. Ils sont chargés d’élaborer et de rédiger des contrats sur mesure en veillant à ce qu’ils protègent les intérêts de leurs clients tout en respectant les obligations légales. Ce sont les avocats qui peuvent introduire des conditions suspensives adaptées à chaque transaction. Ils sont guidés par une « due diligence juridique » afin de mettre en lumière tous les risques potentiels.

 

Conditions suspensives courantes

Lors de la rédaction de la promesse de vente, il est assez courant que les avocats y introduisent des conditions suspensives. Les plus fréquentes sont liées aux financements. En effet, l’acquéreur doit pouvoir se retirer de la transaction sans dommage si, par exemple, il n’obtient pas le prêt bancaire escompté. Une autre condition souvent introduite dans les contrats est liée à l’obtention du permis de construire, essentielle pour tout projet hôtelier de rénovation, d’extension ou de construction.

D’autres conditions peuvent être issues des conclusions d’un audit qui révèle des informations qui peuvent mettre en péril la transaction : nécessité d’obtention d’autorisations administratives ou de conformités aux exigences environnementales par exemple. Enfin, des clauses de non-concurrence sont fréquemment introduites via lesquelles le vendeur s’engage à ne pas exercer une activité similaire dans un périmètre donné.

 

Conséquences de la non-réalisation des conditions suspensives

Lors d’une transaction, il n’est pas rare d’observer que les conditions suspensives ne se réalisent pas dans le délai prévu. Les conséquences de leur non-réalisation dépendent des termes du contrat et sont propres à chaque transaction.

En principe, le contrat est annulé rétroactivement libérant les parties (vendeur et acheteur) de leurs obligations respectives. Le premier récupère la pleine propriété de son établissement et le second son dépôt de garantie. Dans la pratique, il est fréquent que le délai imparti soit reporté ou bien que les termes de la vente soient renégociés.

En revanche, si la non-réalisation des conditions suspensives est due à une faute ou à une négligence de l'une des parties, l'autre partie peut engager sa responsabilité et demander des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi.

 

Un exemple réel avec l’acquisition d’un hôtel de standing dans une capitale

Un fonds d'investissement immobilier souhaite acquérir un hôtel de standing dans une capitale européenne. Après des mois de négociations, un accord est trouvé avec le propriétaire actuel, un groupe hôtelier familial.

Une condition suspensive majeure est incluse dans le contrat : l'obtention par l'acquéreur d'un financement bancaire pour l'opération, à des conditions jugées satisfaisantes notamment en termes de taux d'intérêt, de durée et de garanties.

Malgré des démarches actives auprès de plusieurs banques, le fonds d'investissement rencontre un certain nombre de difficultés pour obtenir son financement. Les taux d'intérêt ayant augmenté depuis le début des négociations, les banques se révèlent plus frileuses pour accorder des prêts importants dans le secteur hôtelier en raison de l'incertitude économique.

Le fonds d'investissement ne parvient pas à obtenir un financement aux conditions souhaitées dans le délai imparti stipulé dans le contrat. La condition suspensive n'étant pas remplie, la vente est donc annulée.

 

Recours amiables en cas d'annulation :

Dans le cadre d’une transaction hôtelière, en règle générale, le premier recours des parties est le recours amiable. La partie en défaut contacte l’autre pour trouver un accord acceptable soit en modifiant certaines modalités du contrat, soit, plus fréquemment, en sollicitant un délai de prolongation de la condition suspensive.

Une autre alternative consiste à demander une compensation financière.

La résolution amiable d’un litige dépend de la nature du désaccord (elle est plus aisée à gérer pour une clause contractuelle qu’en raison d’un vice caché), de la bonne volonté des parties à coopérer et de la qualité de leur communication.

Si un accord n’est pas trouvé, Le recours à un médiateur ou à un conciliateur peut aider à trouver une sortie honorable et acceptée par les deux parties.

Recours judiciaire

Lorsqu'une des parties manque à ses obligations contractuelles et que les voies de recours amiables ont été épuisées, la partie lésée peut saisir le tribunal compétent. Cette action judiciaire vise à obtenir l'exécution forcée du contrat et/ou des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi. Le juge pourra alors ordonner à la partie défaillante de signer l'acte de vente ou de réaliser les actions nécessaires à l'exécution du contrat, voire prononcer la résolution judiciaire de la vente, annulant ainsi rétroactivement le contrat.

Le montant des dommages et intérêts sera déterminé en fonction des préjudices subis par la partie lésée. Le choix du recours judiciaire le plus approprié dépendra des circonstances spécifiques de chaque dossier et des objectifs de la partie demanderesse.

Par ailleurs, si le contrat est entaché d'un vice de consentement (erreur, dol ou violence), il est possible d'en demander la nullité devant le tribunal compétent.

Les conditions suspensives sont un élément-clé des transactions hôtelières. Elles permettent de sécuriser l'opération et de protéger les intérêts de différentes parties. Il est donc essentiel de les formuler avec soin, de s'assurer de leur bonne réalisation et de se faire accompagner par des professionnels pour éviter les litiges.

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