Travaux dans un hôtel… Qui paie la note ?

Travaux dans un hôtel… Qui paie la note ?

Travaux dans les hôtels : qui fait quoi et quand ?

Le bail commercial hôtelier prévoit généralement une distinction entre différents types de travaux, dont la nature et l'importance déterminent la partie responsable de leur exécution (et de leur prise en charge financière…) :

  • travaux d'entretien courant : il s'agit des travaux nécessaires au maintien en bon état de fonctionnement des locaux loués (réparations mineures, nettoyage, entretien des équipements).
  • travaux d’amélioration : ils visent à modifier ou à améliorer les locaux loués, en vue d'optimiser leur exploitation (rénovation des chambres, aménagement de nouvelles salles de bain, etc.).
  • travaux de gros œuvre : ils portent sur les éléments constitutifs de l'immeuble (murs, fondations, toiture) et nécessitent généralement des autorisations administratives.

Qui supporte le coût des travaux ? Quelques règles à connaître…

La répartition des charges liées aux travaux est un élément essentiel du bail commercial hôtelier. Elle est généralement définie par contrat, mais certaines règles légales s'appliquent. En effet, l'article L311-1 du code de commerce offre une grande latitude aux locataires d'hôtels pour réaliser des travaux d'amélioration et de modernisation.

En effet, cet article stipule que le propriétaire d'un immeuble abritant un hôtel ne peut s'opposer aux travaux que le locataire souhaite entreprendre à ses frais, même si le bail prévoit le contraire. Cette disposition vise à encourager les investissements des locataires dans les hôtels, afin d'améliorer la qualité de l'accueil et de répondre aux évolutions du marché.

Travaux à la charge du bailleur

La responsabilité des travaux incombe principalement au bailleur. Celui-ci est tenu d'effectuer les travaux de gros œuvre, c'est-à-dire les travaux portant sur la structure même de l'immeuble. Il est également chargé de l'entretien des parties communes, telles que les halls d'entrée ou les couloirs. Enfin, le bailleur est responsable des réparations liées à la vétusté du bâtiment ou à la découverte de vices cachés. Il convient toutefois de préciser que ces obligations peuvent être modulées par des clauses spécifiques prévues dans le bail commercial.

En matière de bail commercial hôtelier, c'est généralement le bailleur qui est responsable des travaux ordonnés par l'administration. Cette règle est fondée sur l'obligation légale du bailleur de délivrer un local en bon état et conforme à sa destination. Toutefois, cette règle peut être inversée si le bail le prévoit expressément. Concrètement, les parties peuvent librement convenir que le locataire prendra à sa charge les travaux prescrits par l'administration.

Pour qu'une telle clause soit valable, elle doit être claire et sans ambiguïté. La jurisprudence a été claire sur ce point : une clause qui attribue au locataire la responsabilité de travaux ordonnés par l'administration doit être formulée de manière expresse.

Travaux à la charge du preneur

Toutefois, la responsabilité des travaux ne repose pas uniquement sur le bailleur. Le locataire a également des obligations en la matière. Il est notamment tenu d'assurer l'entretien courant des locaux loués, c'est-à-dire de les maintenir en bon état. De plus, les aménagements qu'il réalise pour adapter les locaux à son activité spécifique sont à sa charge exclusive. Quant aux travaux d'amélioration, ils sont généralement aussi à sa charge, sauf stipulation contraire précisée dans le bail. Il convient de noter que si ces travaux augmentent de manière significative la valeur locative de l'immeuble, le locataire pourra demander une indemnité d'éviction à la fin du bail.

Cas particuliers

Lorsque des travaux deviennent indispensables en raison de l'usure naturelle de l'immeuble(vétusté) ou d'un événement imprévu (incendie, inondation…), la répartition des coûts entre le propriétaire et le locataire peut être renégociée.

Par ailleurs, les améliorations apportées par le locataire pendant la durée du bail peuvent avoir des conséquences juridiques différentes lors de la restitution des lieux. Si ces améliorations peuvent être facilement enlevées sans endommager l'immeuble (aménagements amovibles), le locataire est généralement en droit de les récupérer. En revanche, si les améliorations sont intégrées de manière permanente aux locaux(aménagements incorporés) et augmentent leur valeur locative, le locataire peut prétendre à une indemnisation du propriétaire. Cette indemnité correspond à la plus-value apportée au bâtiment grâce aux travaux réalisés.

Revers de médaille : un terrain également propice aux conflits

Les travaux de rénovation ou d'entretien dans un hôtel sont fréquemment sources de tensions entre le propriétaire et l'exploitant. Ces désaccords trouvent leur origine au sein de plusieurs facteurs :

  • indétermination des clauses contractuelles : le bail n'est pas toujours clair sur la répartition des responsabilités en matière de travaux (entretien, améliorations) et de financement.
  • évolution constante de la réglementation : les nouvelles normes (accessibilité, sécurité, environnement) imposent des travaux souvent coûteux et dont la responsabilité est parfois floue.
  • urgence et imprévus : les dégradations soudaines ou les travaux d'urgence peuvent générer des tensions liées à la responsabilité, aux délais et à l'impact sur l'activité.
  • conséquences sur l'exploitation : les travaux peuvent perturber l'activité de l'hôtel, engendrer des nuisances pour les clients et entraîner des pertes financières.

La prévention des conflits liés aux travaux passe par une négociation minutieuse du bail, qui doit définir clairement les obligations de chaque partie en matière de travaux et de maintenance. Un suivi régulier des travaux est également indispensable pour anticiper les éventuels problèmes et y remédier rapidement. Enfin, il est judicieux de prévoir des mécanismes alternatifs de résolution des conflits, tels que la médiation ou l'arbitrage, afin d'éviter de recourir à des procédures judiciaires souvent longues et coûteuses.

Résolution des conflits liés aux travaux

En cas de désaccord sur les travaux à réaliser dans un hôtel, plusieurs options s'offrent à vous en fonction de votre rôle. Évidemment, la négociation directe est privilégiée pour préserver la relation professionnelle. Si elle échoue, la médiation, l'expertise indépendante ou la procédure judiciaire peuvent être envisagées.Cette dernière peut être motivée par l'exécution d'une décision de justice, la réparation d'un préjudice ou l'application d'une clause pénale. Le choix de la procédure dépendra de l'urgence, du montant en jeu et de la complexité du litige. Pour prévenir ces conflits, il est essentiel de disposer d'un bail clair, d'un suivi régulier des travaux et d'un mécanisme alternatif de résolution des différends.

 

Bail commercial hôtelier : prévenir plutôt que guérir

Le bail commercial hôtelier, contrat complexe, est souvent source de conflits. Pour prévenir ces litiges, il est crucial d'établir un bail clair et précis, de favoriser une communication ouverte entre les parties et d'anticiper les évolutions du marché. En cas de désaccord, la négociation amiable et la médiation sont préférables à une procédure judiciaire mais, ceci, vous le saviez déjà !

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